André,en son labyrinthe des rêves…
Depuis 26 ans, André, André Putanier, avenue Kléber Paris 16ème, a accosté dans la loge d’un chic immeuble bancaire. Du dédale glauque des couloirs de ses caves , soute de son nouveau métier, il en a fait le labyrinthe des ses rêves.Univers sans ligne d’horizon, les murs se sont couverts d’une myriade d’objets, de photographies,d’œuvres,graphies sur fond de peinture.Raoul son grand ami l’épouvantail, récupéré à la campagne ,assure la sécurité de ce lieu devant un écran d’ordinateur peint ,la main figé sur une souris qui commande, le son d’une vache beuglante ou la psychédélique lumière éclairant à la fois la tête peinte de Van Gogh et la reproduction de la Joconde dans un nuage d’anges et de djinns ? l’on ne sait.Au carrefour de ses souvenirs, pas un centimètre carré n’échappe à l’accumulation des fétiches de sa vie passée et présente.Palimpseste de ses joies,des fêtes vécues,des anniversaires et de bonnes années multipliées,un tapis de photos mural retrace une vie complète. Autour du ponpon rouge, » Moi j’aime la marine » des plumes, des photos sur fond d’or distillent des souvenirs gais et heureux.Si André peint, il ne se sent pas artiste.Il est un singulier, c’est sur. Au dessus du masque de pierrot, un badge « J’ai passé l’age de me prendre au sérieux » annonce la couleur du personnage, même si les ectoplasmes peints sur toiles d’André incitent au regard respectueux pour cet art singulier.
Aujourd’hui c’est fini. André va quitter Paris.Age de la retraite bien dépassée, assumée pour ses toujours jeunes 71 années, il est rafraichissant de penser que dans ce monde si critiqué, à juste titre, du monde de la finance et de l’immobilier, des directeurs successifs, des syndics nombreux ont autorisé, pour ne pas dire accompagné, les rêves d’un homme si simple ,si charmant en sa « folie » souterraine , (folie au sens Fête foraine des siècles passés ).
Que va -t -il pouvoir emporter ? avec son déménagement. Je crains que son frêle esquife ne prennent l’eau dans la mer de ses larmes. Mais j’espère qu’un nouveau cabinet de curiosités va naitre dans son nouvel habitat, qu’André va devenir capitaine au long cour d’une autre aventure picturale,,ou qu’il va replonger dans les lieux vrais de son imagerie murale .
Merci à Alexandre Donnat et Laurent Dauchin de m’avoir ouvert ce monde délicieux et fait rencontrer un si bel homme, Monsieur André Putanier.